8 femmes remarquables

Bonjour à toutes,

Rencontre avec 8 femmes remarquables par Marie Desplechin
source l'express.fr mars 2007

Depuis toujours, les femmes s'engagent aux côtés des plus démunis, rappelle l'écrivain Marie Desplechin. A l'occasion de la Journée internationale de la femme, L'Express Styles a élu 8 personnalités qui brillent autant par leur talent (mode, design, gastronomie…) que par leurs engagements personnels. Au profit des chômeurs, des enfants de sans-papiers ou d'associations humanitaires...

Imaginons un instant que ce soient des hommes. Qu'ils aient leurs magazines, Il ou Florian. Que des jurys organisent chaque année des concours destinés à mettre à l'honneur les meilleurs d'entre eux, les plus généreux, les plus désintéressés, les plus efficaces dans leur souci de l'autre, du plus démuni - l'enfant, le malade, le migrant, le prisonnier. Imaginons des milliers de candidats. Et les lauréats, pour finir, rasés de près, le cou serré dans leur cravate du dimanche, posant tout émus au milieu du jury. Nos «hommes en or», nos «hommes formidables», nos «trophées du cœur» …

Ça ne marche pas. A cause d'un détail: le genre. Ce qui réussit si bien aux femmes, le dévouement, ne prend pas chez les hommes. C'est peut-être qu'ils n'ont pas de magazines où s'autocélébrer. Peut-être aussi que leurs engagements sont plus économiques, plus politiques, plus visibles. Plus sérieux. «C'est non pas le travail exécuté ni le résultat, mais le sexe de l'exécutant qui confère de la valeur à l'acte ou au produit», écrivait la romancière Marilyn French, dans La Fascination du pouvoir.

Nous nous sommes mis d'accord, il y a bien longtemps, sur ce partage implicite: si les hommes peuvent être remarquables, ce sont les femmes qui sont admirables. Admirables leur abnégation, leur modestie, et cette presque naïveté qui les pousse à tenter de raccommoder, là où elles sont, les déchirures du monde. Et tout ça dans le désintéressement le plus total. Qu'elles n'aient aucun avantage financier à attendre, c'est entendu. Mais elles sont assurées de ne rien obtenir non plus en termes de pouvoir ou d'influence. Pas de prix Nobel pour les mamans qui fabriquent des bijoux en perles dans leur cuisine et les vendent au profit de la recherche sur les cancers infantiles. Elles seront bien assez remerciées par les lauriers décernés par leurs paires dans ces journaux qui sont les leurs. C'est normal? C'est normal.

Est-on seulement certain que cette «bonté» des femmes, mélange d'altruisme, d'oblation et de modestie, relève de choix individuels? Pas sûr. Nous ne sommes toujours pas très loin de penser qu'il y a là du destin biologique. Par nature, les femmes seraient dotées d'un cœur plus gros (et fatalement d'une intelligence plus modeste) que les hommes. Le cœur serait une sorte d'appendice de l'utérus. Voilà qui expliquerait qu'elles se consacrent si bien à l'éducation des enfants, au soin des parents, à l'entretien des frères et des maris… Ce cœur inépuisable, partout glorifié, offre bien des avantages à la communauté tout entière. Il se nourrit de pur amour, et surtout il n'a pas besoin qu'on le paie. Une chercheuse américaine, Ruth Leger Sivard, a chiffré le travail non rémunéré des femmes dans le monde: si on lui donnait une valeur économique, il représenterait un tiers du produit économique mondial annuel. Imaginons que toutes les femmes admirables se mettent en tête de compter leurs heures et d'en exiger le paiement… Mieux vaut les dresser dans l'idée que leur nature est d'être au service des autres, et que leur salaire se calcule en reconnaissance (dans le meilleur des cas). Une construction culturelle soigneusement cimentée peut vous durer des millénaires. Et nous sommes loin d'avoir ébranlé la forteresse.

Que faire? Rêver au jour où les femmes se seront approprié le modèle traditionnel masculin? Rien n'est moins sûr. Le temps est venu de cesser de penser que l'altruisme féminin est affaire de qualité morale. Et d'y voir plutôt un formidable réservoir de compétences acquises, que l'on met en œuvre par choix plus que par déterminisme. Il est toujours possible d'améliorer le monde, à son échelle et sans autre ambition que l'avenir commun: voilà peut-être ce que les femmes ont retenu de leur histoire. Ce n'est pas un si mauvais modèle pour les temps troublés qui s'annoncent...

Les voici maintenant ces 8 femmes admirables :

Sigolène Prébois
Des créations Tsé & Tsé aux enchères pour les enfants en difficulté.Ses projets pour 2007: «Que les objets que je donne pour des ventes aux enchères caritatives soient vendus le plus cher possible, pour la bonne cause! En mai, je vais créer, avec Catherine, une dinette géante en porcelaine pour la vente de charité d'une nouvelle association, Paris Tout'Ptits, qui vient en aide aux enfants sous-alimentés.»

Françoise Montenay
Des soins esthétiques gratuits pour soutenir le moral à l'hôpital.Françoise Montenay prend le temps de mener la branche française l'association Cosmetic Executive Women (CEW), qui dispense gratuitement des soins esthétiques en milieu hospitalier grâce aux fonds récoltés par ses 230 membres bénévoles, des femmes décisionnaires dans les métiers cosmétiques. «Un massage détente pour une patiente en chimiothérapie, un soin du visage pour une femme accidentée, une manucure pour une personne âgée… L'objectif est de faire oublier la maladie le temps d'un soin.

Loumia Hiridjee
Des conseils précieux pour les chômeuses.Princesse Tam-Tam, c'est elle. Des imprimés champêtres sur des dessous de jeune fille."Les femmes de plus de 45 ans subissent de plein fouet le chômage. J'ai voulu m'engager pour cette cause auprès de l'association Force Femmes depuis sa création, en janvier 2006.»En tant que PDG de Princesse Tam-Tam, elle distribue aussi, chaque année, des parures de lingerie à diverses associations caritatives, Arcat-sida, Unicef... - en 2006, elle a donné pour 18 000 euros de lingerie.

Sakina M'sa
Des ateliers de couture pour des femmes en réinsertion.Ses projets pour 2007. «Faire coudre des robes de ma collection automne-hiver par les plus pointilleuses des couturières en réinsertion. Et prendre deux d'entre elles en CDD dans mon atelier.»

Agnès b.
Des aides au logement, des aides pour les enfants.Trente ans qu'elle dessine ses cardigans pression et affirme son style chic, moderne, intemporel, se forgeant un nom en marge des tourbillons de la mode.Depuis trente ans aussi, et même plus, elle est de tous les combats: lutte contre le sida - elle aide Act up depuis ses débuts - soutien à une association haïtienne qui se bat contre l'insalubrité de l'eau, à des enfants des rues à Essaouira, parrainage de deux hôpitaux - au Tibet et en Côte d'Ivoire....Ses projets pour 2007. «Suivre Danielle Mitterrand, présidente de France Libertés, sur l'un de ses terrains d'action.»

Rougui Dia
Du bénévolat dans les écoles hôtelières.Elle mène depuis deux ans la brigade du restaurant parisien Petrossian, et s'y est forgée une réputation de virtuose des poissons. Elle mâtine sa cuisine de saveurs du Sénégal - bananes plantain ou épices piquantes, comme le gingembre ou le poivre maniguette- dont ses parents sont originaires.Marraine de deux écoles hôtelières, à Villepinte et à Saumur, elle s'emploie à contrer les clichés sur la restauration en intervenant bénévolement dans les classes plusieurs fois par an. Elle explique aux jeunes de CAP ou de bac pro qu'il ne faut «jamais renoncer à ses rêves».es projets pour 2007. «Organiser mon emploi du temps pour me rendre utile auprès d'une fondation comme Deuxième Chance, qui aide des gens en difficulté à rebondir.»

Valérie Barkowski
Un bracelet pour tisser des liens de solidarité.Installée au Maroc en 1996, elle a commencé «par hasard» à imaginer des draps qu'elle ferait broder à la main par des femmes virtuoses des médinas. «De fil en aiguille», dit-elle, sa griffe Mia Zia (nom italien signifiant «ma tante», car Valérie a commencé à travailler avec son aïeule) fait travailler des dizaines de femmes, et son linge de maison séduit la clientèle française.Fin 2006, elle crée le Lien de la tendresse, un bracelet indien (rakhi, littéralement «fable de coton toute de fils sacrés») en coton tissé par des femmes dans la région de Jaipur. Les bénéfices sont reversés à l'association, et permettent d'habiller, de nourrir et de scolariser les enfants à l'école.Ses projets pour 2007. «Lancer le Lien de la tendresse en version silver (argenté) pour l'été. Et voyager à Jaipur voir mon "ange", une petite fille de 10 ans que je parraine en envoyant de l'argent.»

Rachel Liu
Des coups de main pour les sans-emploi.Diplômée d'HEC, Rachel Liu a choisi une voie de traverse: le commerce équitable. Cinq ans après sa création, sa griffe, Ideo, cofondée avec Antoinette Giorgi, est vendue dans 160 boutiques en France, dont Lieu commun, l'espace très pointu de Matali Crasset.Ses projets pour 2007. «Continuer à ramener des gens vers l'emploi. Et, dès qu'Ideo aura grossi, y embaucher des chômeurs.»


Je suis bien d'accord avec Marie Desplechin : ces femmes sont admirables toutes sans exception...pourquoi ? parce qu'....il est toujours possible d'améliorer le monde, à son échelle et sans autre ambition que l'avenir commun...

Et cette phrase devrait raisonner dans nos coeurs, à toutes et tous...


Que vous inspirent ces femmes ? Pensez vous comme l'auteur que si les hommes sont remarquables, ce sont les femmes qui sont admirables ?
Venez nous faire partager vos idées...